Haïti : le contrôle de qualité des médicaments au coeur d'une nouvelle recherche

Source : le nouveliste

Par Claudy Junior Pierre

27 novembre 2018 | Lecture : 2 min

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Les bases scientifiques de cette recherche ont été jetées, il y a un an, par le pharmacien Wellington Dérameau. «En ce qui concerne les médicaments en Haïti, beaucoup pensent qu'ils sont contrefaits, quand ils ne sont pas tout simplement exposés à des conditions qui altèrent leur efficacité», a avancé Wellington Dérameau.

Après une exposition du résumé de cette recherche réalisée sous la direction de Théodule Jean-Baptiste, expert en pharmacovigilance, l'université de Colorado a décidé de fournir un appui technique et financier au projet.

L'hypothèse de départ fait allusion à deux dangers qui menacent la thérapeutique en Haïti. Le premier : le fait que certains médicaments n'ont pas le principe actif pour lequel ils sont prescrits. "Ainsi, vous pouvez passer des mois à consommer des antidiabétiques qui ne le sont que de nom, parce que ces derniers ont été contrefaits. Les rares résultats obtenus parfois sont dus à des effets placebo", explique M. Wellington.

Un autre problème, pas des moindres, que les chercheurs souhaitent élucider, c'est la dose des médicaments. «Certains médicaments doivent être pris selon une dose exacte, la moindre variation peut être néfaste pour le patient. À travers cette étude, nous allons prouver que beaucoup de médicaments qui sont étiquetés 500 mg n'ont que 250 mg de principe actif. Cela peut entraîner la résistance dans le cas des antibiotiques", martèle M. Wellington.

John F. Carpenter, professeur de sciences pharmaceutiques au centre de pharmacie biotechnologique à l'université de Colorado, s'engage à fournir le matériel, la formation et les moyens technologiques en vue de s'assurer que cette recherche se réalise dans les meilleures conditions.

Au début du mois de novembre, une délégation composée de Wellington Dérameau (instigateur de la recherche), du Dr Théodule Jean-Baptiste (directeur de la recherche), Ludens Osselyn Pierre et Jacques John Redford (accompagnateurs) a séjourné à l'université de Colorado. À entendre M. Derameau, les premiers résultats ne sont pas réjouissants. "Nous avons acheté des médicaments au hasard dans les pharmacies et dans les rues, nous les avons soumis au contrôle de qualité à l'aide d'un instrument prépose à cet effet (New Hand-Held-Raman Spectrometer). Plus de 50% de ces médicaments ont été soit contrefaits, soit sous-dosés", a fait remarquer Wellington Dérameau.

En attendant les résultats définitifs et détaillés de cette recherche, les médicaments contrefaits risquent de plonger le pays dans une véritable crise de santé publique. Hier, il s'agissait de spéculation, aujourd'hui, ce sont des études scientifiques qui exposent la vulnérabilité de notre système de santé.